Chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito”, une interview avec un·e invité·e passionnant·e (francophone ou non) et quelques informations pour mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Cette semaine, l’Édito et l’interview (avec Lavinia Ionita) se suivent dans la version audio 🎧
À l’agenda aujourd’hui 👇
Mon “Édito” sur la santé mentale à l’ère du COVID-19
Laetitia discute du stress avec Lavinia Ionita
Nos conversations à venir cette semaine
Ce que vous avez peut-être manqué la semaine dernière
L’année dernière était celle des arbitrages. Faut-il confiner ou bien laisser les gens aller et venir comme bon leur semble ? Faut-il multiplier les tests ou bien concentrer les efforts sur les plus fragiles ? Faut-il soutenir les entreprises ou les ménages ? Comme dans tous les pays, les pouvoirs publics français ont beaucoup hésité dans la formulation de ces arbitrages, et ont parfois changé de doctrine en cours de route.
En cette année 2021, cependant, les arbitrages sont rendus plus difficiles par un facteur inédit : la santé mentale fait son entrée dans l’équation ! Les individus sont usés par des mois de contraintes et de changements de pied. Ils sont anxieux face à l’incertitude qui entoure la campagne de vaccination. Leur confiance dans les pouvoirs publics s’est érodée. Toute la société semble être au bord de la crise de nerfs.
Prenons, d’abord, le cas des personnes âgées. Les travaux sur les effets mortifères de la solitude ne sont pas nouveaux : on sait depuis longtemps que celle-ci tue à petit feu. L’absence de toucher, de stimulations, d’interactions sociales de toute sorte ont un impact sur la condition mentale, mais aussi sur la condition physique. Pendant un temps, cette solitude n’a concerné qu’une minorité de personnes âgées qui n’avaient pas de conjoint, ni de famille proche ou un cercle d’amis entretenu au fil des ans. Mais à présent que les personnes âgées sont les plus vulnérables face à la pandémie, cette solitude mortifère est endémique dans toute cette classe d’âge.
Les problèmes de santé mentale touchent aussi les parents de jeunes enfants. Dans tous les pays où les écoles ont fermé sporadiquement ou durablement, les parents ont été confrontés à la difficulté à concilier vie professionnelle et éducation de leurs enfants. Les femmes, en particulier, ont commencé à se retirer massivement du marché du travail, interrompant leur carrière pour s’occuper de leurs ouailles. Les conséquences sont terribles sur le front économique : les écarts de revenus entre les femmes et les hommes sont repartis à la hausse. Elles sont tout aussi terribles sur le front de la santé mentale : burn-out, disputes, violence domestique, divorces sont devenus le lieu commun pour les familles qui n’arrivent plus à s’en sortir malgré les renoncements et les sacrifices, en particulier de la part des femmes.
Enfin, il y a les jeunes – enfants, adolescents ou jeunes adultes. On a longtemps négligé de prendre soin de ce segment de la population : non seulement les jeunes n’avaient pas grand chose à craindre du COVID-19, mais ils étaient souvent jugés responsables de la propagation du virus – exposant, par leur comportement soi-disant irresponsables, les personnes les plus vulnérables de leur entourage.
Or les jeunes, eux aussi, souffrent de la pandémie et voient leur santé mentale se détériorer. L’adolescence et les années d’études supérieures sont normalement une période d’exploration et de découverte, aujourd’hui empêchée par la pandémie. Cette vie sociale mise sur pause, ces relations non nouées, ces stimulations cognitives disparues ont des conséquences terribles et durables sur les individus concernés. Certains ont la “chance” de pouvoir se réfugier chez leurs parents, retrouvant ainsi un semblant de vie sociale. D’autres, qui pensaient avoir atteint l’âge de l’émancipation et restent loin de leur famille, le paient au prix fort : une terrible solitude, à l’image de leurs aînés, et des suicides qui commencent à se multiplier dans cette classe d’âge.
Un cercle vicieux est ainsi enclenché. L’année dernière, nous avons tous été impressionnés par la capacité des pouvoirs publics à mettre toute l’économie à l’arrêt dans le contexte d’une pandémie encore mal comprise et qu’on croyait passagère. Aujourd’hui, malheureusement, cette capacité n’existe plus. Les individus réalisent que tout cela se paie au prix d’une santé mentale dégradée. Certains se révoltent et refusent les injonctions de nos gouvernants. D’autres contournent les mesures pour tenter, tant bien que mal, de continuer à voir des gens et d’échapper ainsi à la solitude.
Il y aurait une manière de s’en sortir : saisir cette opportunité de tout réinventer – la manière dont on prend soin des personnes âgées, dont on éduque les enfants, dont on accueille les jeunes dans la vie active, dont on manage des équipes à distance. Mais les pouvoirs publics ne voient pas cette opportunité. Même si la pandémie s’éternise, son issue semble toujours trop proche pour que ça vaille la peine, à leurs yeux, d’engager ces ambitieux chantiers d’innovation institutionnelle et sociale.
Tout cela explique que notre société, malgré les progrès sur le front de la vaccination, soit au bord de la crise de nerfs. Collectivement, nous éprouvons un stress d’une violence inouïe – ou encore, comme Laetitia l’évoque dans sa conversation avec Lavinia Ionita, médecin, spécialiste du stress et entrepreneuse, nous sommes en train de faire un ulcère collectif. Pour aller plus loin, je vous encourage à écouter leur conversation dans son intégralité – et, bien sûr, à prendre soin de vous ❤️
Nous avions déjà interviewé le Dr Lavinia Ionita sur Nouveau Départ l’an dernier, après le premier confinement. Alors que la pandémie de Covid-19 s’éternise, le sujet de la santé mentale occupe aujourd’hui une place de plus en plus importante dans nos préoccupations. On parle davantage de l’angoisse des personnes âgées, du stress des parents de jeunes enfants, mais aussi de la détresse des étudiants.
Selon l’Observatoire de la vie étudiante, en septembre, 31% des étudiants présentaient des signes de détresse psychologique, 16,1% auraient eu une dépression sévère et 11,4% des idées suicidaires.
Dans ce contexte, parler du stress, cela n’est plus seulement un sujet individuel de développement personnel, mais davantage un sujet collectif et social, de développement « inter-personnel ».
Dans cette conversation, Lavinia rappelle ce qu’est la définition médicale du stress, la manière de le mesurer, et ses conséquences sur notre santé physique et mentale. Elle et Laetitia évoquent aussi la gestion du stress en temps de pandémie, ainsi que la question du télétravail.
Pandémie et stress : un ulcère collectif ? (note de lecture sur Zebras Don’t Get Ulcers de Robert Sapolsky + interview de Lavinia Ionita)—réservé aux abonnés.
Pandémie et démographie (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés.
Notre vision de l’âge tue (“Édito” de Laetitia + extrait de notre interview d’Andrew Scott)—accessible à tous.
En finir avec l’âgisme (note de lecture + transcription intégrale en français de l’interview d’Andrew Scott)—réservé aux abonnés.
2021 : Se préparer à l’incertitude (“Édito” de Laetitia + extrait de notre interview de Vaughn Tan)—accessible à tous.
Pourquoi la France résiste tant au télétravail (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés.
La santé ou l’économie : faut-il choisir ? (“Édito” de Laetitia)—accessible à tous.
💪 Jeff Bezos : sa vie, son oeuvre
Mardi 9 février | Podcast “À deux voix” 🎧 consacré à Jeff Bezos, après l’annonce qu’il céderait sa place de PDG d’Amazon à Andy Jassy en juin 2021. Laetitia et moi discutons de la vie et du parcours de Jeff Bezos et faisons le bilan des 27 années qu’il a passées à la tête d’Amazon. Est-ce désormais le “deuxième jour” pour Amazon ?
❓ Comment prospérer après la pandémie ?
Mercredi 10 février | Interview de Hilary Cottam par Laetitia, dans le cadre du podcast Building Bridges. Hilary, dont nous avons fait la connaissance à Londres, est l’une des penseuses les plus inspirantes sur la question de l’avenir de la protection sociale et de la réinvention des services publics. À découvrir sans faute !
🏫 Pandémie : les défis de l’école
Jeudi 11 février | Podcast “À deux voix” 🎧 consacré à la mise à l’épreuve de notre système éducatif par la pandémie. Les confinements et les expérimentations forcées avec l’enseignement à distance ont révélé l’obsolescence de notre système éducatif. Comment mettre à profit la période actuelle pour le transformer ?
😡 GameStop : la révolution sur les marchés financiers
Une communauté de particuliers connectés les uns aux autres sur Reddit a envoyé au tapis un hedge fund qui spéculait à la baisse contre la société de vente de jeux vidéo GameStop. Quelles leçons en tirer en ce qui concerne l’économie en général et les marchés financiers en particulier ?
👉 Écoutez 🎧 GameStop : la révolution sur les marchés financiers (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés.
😰 Why Zebras Don’t Get Ulcers
Qu’est-ce exactement que le stress ? Quand le stress devient un sujet sociétal, peut-on continuer à en faire un sujet de « développement personnel » ? En plus de l’interview de Lavinia disponible ci-dessus, Laetitia propose à nos abonnés, en complément, une note de lecture sur le livre Why Zebras Don’t Get Ulcers du neurobiologiste Robert M. Sapolsky.
👉 Lisez la Note de lecture sur Why Zebras Don’t Get Ulcers—réservé aux abonnés.
🏘 Logement : tout ce qui change avec le COVID-19
Les inégalités de logement semblent exacerbées par la crise, mais celle-ci apporte aussi quelques solutions. Les foyers avec plusieurs générations sous le même toit se multiplient, ainsi que tous les modèles alternatifs de logement. Le « nomadisme digital » n’est plus du tout marginal. Les télétravailleurs investissent massivement pour plus de confort domestique.
👉 Écoutez 🎧 Logement : tout ce qui change avec le COVID-19 (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés.
Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia).
(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)
Partagez ce post