Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente.
L’“Édito” de cette semaine parle des arbitrages en temps de pandémie. L’idée qu’il y aurait un choix à faire entre la santé des individus et celle de l’économie est fallacieuse.
Depuis le confinement, de nombreux commentateurs ont pris l’habitude de mettre en balance la gestion de la crise sanitaire et celle de la crise économique. Il y aurait, dit-on, des arbitrages à faire entre des points de croissance et des “points” de contagion. Chaque mesure restrictive mise en place pour limiter la propagation (fermeture d’établissements, couvre-feu, confinement…) devrait se payer en terme de PIB. Mais est-ce vraiment si simple ?
En réalité, il n’existe pas, à l’échelle des pays, de corrélation évidente entre la dureté de la gestion de la crise sanitaire et la vigueur de l’économie. D’autres facteurs jouent un rôle plus important : la qualité du système de santé, la confiance de la population, la transition numérique des entreprises, la part de l’économie informelle ou encore le degré de dépendance de l’économie nationale vis-à-vis des autres pays. Certains pays plus laxistes du point de vue de la gestion sanitaire subissent néanmoins la crise économique de plein fouet.
Par exemple, la Suède n’a pas, contrairement aux autres pays scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège), confiné sa population. Les restaurants sont constamment restés ouverts. Le masque n’y est pas obligatoire. Il n’y a pas de couvre-feu. Malgré cela, au second trimestre 2020, le PIB suédois a chuté de 8,6%, alors qu’il n’a chuté “que” de 7,4% au Danemark et 3,2% en Finlande. Laisser mourir les personnes âgées dans les maisons de retraite (il y a eu six fois plus de décès que dans les autres pays scandinaves), cela n’a visiblement pas “payé” en points de croissance !
Au printemps, Donald Trump fustigeait, au nom de l’économie américaine, les gouverneurs des Etats qui avaient mis en place les mesures de confinement les plus strictes. “Laissez les Américains manger au restaurant, aller dans les salles de sport et au cinéma”, disaient alors les Républicains. Depuis plusieurs mois, même si la plupart des Etats ont levé les restrictions, et l’essentiel des restaurants, salles de cinéma ou parcs d’attraction peuvent accueillir des clients plus ou moins normalement, leur activité ne reprend pas. La demande est au point mort. Les faillites se multiplient.
Tant que les restrictions étaient en place, cela s’accompagnait souvent de dispositifs d’aide aux acteurs concernés. La fermeture des restaurants, des parcs d’attraction, des salles de spectacle ou des clubs de sport provoquaient une chute de l’offre qui expliquait clairement la baisse de l’activité économique. Depuis que ces restrictions ont été levées, la plupart des dispositifs d’aide ont également disparu. Et c’est désormais un problème de demande qui explique la catastrophe économique. Ce n’est pas parce qu’on a le droit de consommer librement qu’on va consommer forcément.
Disneyland a ré-ouvert en Floride, mais à cause de la hausse du nombre de cas de Covid dans l’Etat, les quelques optimistes qui avaient fait des réservations annulent en masse. Les touristes étrangers ne sont pas là. La demande intérieure est d’autant plus faible que les Américains sont inquiets et que beaucoup sont au chômage. Sans que des mesures restrictives ne soient en cause, Disneyland a décidé de réduire les horaires d’ouverture des parcs et de licencier 28 000 employés, faute de visiteurs.
Il en va de même des salles de sport qui sont nombreuses à mettre la clef sous la porte, et des salles de cinéma. En septembre, les salles de cinéma étaient ouvertes dans 44 États sur 50. Warner Bros a alors fait le pari de sortir le film Tenet de Christopher Nolan avec l’espoir d’en faire un blockbuster sans la concurrence d’autres grosses productions dans les salles. Le film est sorti dans près de 3 000 salles américaines, mais (presque) personne n’est allé le voir. Les studios hollywoodiens en ont conclu qu’il valait mieux reculer la sortie de leurs films les plus coûteux (parmi lesquels le dernier James Bond et le nouveau Wonder Woman).
Inquiets du fait de la propagation du virus et de leur situation économique, les Américains sont d’autant moins retournés dans les salles qu’on n’y montrait pas assez de films susceptibles de leur faire quitter leur canapé domestique. Du coup, la chaîne Cineworld a déjà fermé 536 salles de cinéma à travers le pays, et le groupe AMC, qui gère le plus grand nombre de multiplexes aux Etats-Unis, a annoncé qu’il serait à court de trésorerie d’ici la fin de l’année 2020.
Dans l’ensemble, face à une pandémie qu’on ne contrôle plus, et une incertitude qui nous dépasse, la défiance, la peur, ou la simple prudence incitent de nombreux consommateurs à rester chez eux et à garder leur portefeuille fermé. En voyant les courbes affolantes de la propagation, une part significative de la population renonce d’elle-même à aller au restaurant. Tant que nous n’aurons pas de maîtrise de la situation sanitaire, les points de croissance ne peuvent pas être “sauvés”.
Penser qu’il existe, à ce stade, un arbitrage à faire entre l’économie et la santé, c’est donc fallacieux, exactement comme l’est la mise en balance de l’économie et de la planète faite par certains médias (et par les entreprises les plus polluantes). Il n’y a pas de choix à faire entre l’économie et la santé des individus, comme il n’y en a pas entre l’économie et la santé de la planète – car sans la bonne santé (des individus et de la planète), il n’y a pas d’économie solide.
Aujourd’hui, les seuls arbitrages qui méritent d’être considérés sont entre la santé des uns et la santé des autres. Il semble presque absurde, à ce stade, de parler des dangers “économiques” d’un éventuel reconfinement. En revanche, il est pertinent de s’interroger sur les dangers d’un reconfinement pour la santé mentale et physique des personnes isolées et des personnes précaires, et toutes les manières de mieux les protéger.
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Quels sont les profils les plus recherchés par les recruteurs ? Quels secteurs sortent renforcés de la crise ? Que doivent faire les métropoles pour redevenir attrayantes ? Comment attirer à nouveau les travailleurs au bureau ? Comment mieux intégrer le travail à notre vie quotidienne, notamment à la maison ? Quels obstacles rencontrent les femmes sur le marché du travail ? ... Nicolas et moi avons répondu aux questions de nos abonnés dans ce deuxième épisode de “Ask Us Anything”.
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