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Le plafond de verre de la culture
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Le plafond de verre de la culture

Nouveau Départ | Interview | Reine Prat

Bonjour ! Dans cette nouvelle saison (entièrement gratuite) de Nouveau Départ, nous poursuivons notre série d’interviews de personnalités remarquables avec celle de Reine Prat. Spécialiste du monde de la culture, elle vient de publier un essai intitulé Exploser le plafond. Précis de féminisme à l’usage du monde de la culture aux Éditions Rue de l’échiquier.

Reine est agrégée de lettres. Elle a exercé diverses responsabilités au ministère de la Culture et rédigé deux rapports ministériels « pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts du spectacle » en 2006 et 2009. Constatant que rien (ou presque) n’avait changé depuis, elle publie aujourd’hui un essai incisif dans lequel elle affirme que le monde de la culture « peut devenir un puissant moteur de changement » : « il s’agit bien d’exploser un ordre patriarcal qui court à notre perte ».

Reine Prat ne croit pas au progrès inéluctable et continu en matière d’égalité femmes / hommes. Le monde de la Culture illustre au contraire que c’est un combat sans fin, souvent un jeu à somme nulle dans lequel les personnes qui ont déjà le pouvoir n’ont aucune intention de le céder aux profit de nouveaux entrants.

Censé promouvoir la « liberté de création » et la diversité, ce monde-là cultive en réalité l’entre-soi et la reproduction du même. C’est un microcosme qui concentre toutes les violences à l’égard des femmes et des personnes racisées. C’est aussi un creuset dans lequel se forgent les représentations qui influencent toute la société.

L’organisation du monde de la culture, avec ses accès réservés, s’inscrit parfaitement, toutes proportions gardées, dans des phénomènes plus généraux. Pour Bruno Latour, « tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes (…) était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. »

Cette position de domination, le « créateur » qu’est devenu l’artiste l’occupe pleinement. À partir du moment où la liberté de création prime sur toute autre considération, la domination du créateur sur son matériau —matériel ou humain—n’a plus de limites.

L’autonomie de l’œuvre n’est-elle pas une fiction ? L’œuvre n’existe pas ex nihilo, elle n’est pas le produit du seul talent qui aurait été accordé à tel ou tel comme un don du ciel (…). Que le talent produise des fruits, que l’œuvre atteigne son public, il y faut tout un accompagnement social, économique, médiatique, affectif, autant de privilèges accordés à quelques-uns (…) Les conditions d’émergence du talent, de sa reconnaissance par les pairs, de production, de promotion et de diffusion de l’œuvre font que l’autonomie de celle-ci est bien relative. On sait tout cela au moins depuis que Virginia Woolf a publié à Londres, en 1929, A Room of One’s Own.

C’est toute l’organisation du domaine des arts et de la culture qu’il est nécessaire de repenser. À commencer par la conception que notre société se fait de l’artiste, du statut et des privilèges qu’elle lui concède, qui n’ont rien d’universels. À l’entrée d’un grand musée de Tokyo, un panneau avertit le visiteur occidental qu’il ne doit pas s’attendre à trouver dans les collections du musée de distinction entre art et artisanat, entre artiste et artisan, notions qui n’ont pas cours là-bas.

Au fil de notre conversation, nous discutons avec Reine :

  • De l’absence de progrès linéaire en matière de féminisme ;

  • Du microcosme qu’est le monde de la culture ;

  • Des représentations qui façonnent notre imaginaire ;

  • Des femmes âgées au cinéma ;

  • Du monde du théâtre, « miroir grossissant où les travers de notre société se lisent à livre ouvert » ;

  • De la distinction entre art et artisanat et de la figure de l’artiste ;

  • De cette séparation bien commode entre l’homme et l’artiste ;

  • De la conception de l’universel en France.

*Petite erreur dans le podcast : Claire Lasne, metteuse en scène, a dirigé un centre dramatique national (et non chorégraphique)

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(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)

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