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Suppression de l'ENA : une mesure populiste ?
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Suppression de l'ENA : une mesure populiste ?

Nouveau Départ | À deux voix

Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine, après notre pause pascale, est consacré à une discussion sur la suppression de l’ENA.

Emmanuel Macron l’a annoncé il y a quelques jours : la haute fonction publique sera “réformée”, et l’École nationale d’administration sera remplacée par un nouvel Institut du service public (ISP). Le principe du classement de sortie sera maintenu, mais la titularisation vers les grands corps ne pourra plus se faire à la fin de la formation initiale. S’agit-il seulement d’un geste symbolique pour apaiser le ressentiment anti-élitiste des gilets jaunes ? Ou bien la réforme cible-t-elle les problèmes réels liés au recrutement et à la formation des élites de l’administration d’État ?

Cela fait des décennies que l’on critique l’ENA, cette école qui forme et recrute une partie de nos hauts fonctionnaires français. On accuse l’école d’être trop élitiste : elle représenterait un monde de l’entre-soi et de l’homogénéité sociale. On la dit trop déconnectée des réalités de l’économie d’aujourd’hui : elle ne formerait que des technocrates “moulés” pour une économie de masse fordiste qui n’existe plus. 

Mais la critique de l’ENA est (presque) aussi ancienne que l’école elle-même. Créée après la Seconde guerre mondiale par le Général de Gaulle et Michel Debré pour doter la France d’une nouvelle élite de “mandarins” à même d’aider la France à relever les défis de la reconstruction de l’après-guerre, l’ENA a aussi représenté un moyen de rendre plus méritocratique (et transparent) l’accès aux plus hauts postes de la fonction publique. Avant la création de l’école, le népotisme de chaque institution était assumé.

Comment la seule suppression de cette institution pourrait-elle régler le problème du déterminisme social à l'œuvre dans le système scolaire français ? Depuis deux décennies, le classement PISA révèle que notre système scolaire devient de plus en plus inégalitaire socialement. La simple suppression m’a fait penser au proverbe : “Quand le sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt”. Ou encore à cette expression anglaise “Shoot the messenger” (“Tuer le messager”) qui se réfère à cette tentation que nous avons de nous débarrasser du porteur de la mauvaise nouvelle plutôt que de nous attaquer à la nouvelle elle-même.

Nicolas fait partie de la première promotion de l’ENA entièrement délocalisée à Strasbourg (la promotion 2006). Il connaît bien les débats sur sa suppression, l’histoire de l’institution et de ses réformes successives. Dans ce podcast, il fait même une petite histoire de la critique de l’ENA, dont Jean-Pierre Chevènement a été l’une des figures de proue. (Depuis que nous avons enregistré ce podcast, des journalistes ont eu l’idée de recueillir les réactions de ce critique de l’ENA à l’annonce de la réforme de Macron. Chevènement a répondu : “C'est comme si le Pape avait proposé la dissolution de la curie romaine !”)

Dans notre conversation “A deux voix”, nous discutons avec passion de toutes les controverses qui entourent cette annonce, de l’histoire de l’ENA, de son fonctionnement, des réformes successives que l’école a connues, du vécu de Nicolas à l’école, des débats sur la méritocratie, et de beaucoup d’autres choses encore.

J’ai hâte de lire vos réactions !


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(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)

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