Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente.
Voici le sixième “Édito” de cette nouvelle saison, sur tout ce que la France fait plutôt mal en matière de lutte contre la pandémie, et tout ce que d’autres pays font mieux que nous – et dont nous pourrions nous inspirer 🇫🇷
À Taiwan, la vie a repris son cours comme avant. Tout le monde porte désormais un masque, mais le changement est à peine perceptible puisque cette pratique était déjà largement répandue suite à la pandémie de SRAS en 2003. Après avoir mis en oeuvre des mesures de confinement particulièrement sévères au mois de mars, les pouvoirs publics de Taiwan ont progressivement desserré la contrainte – un peu comme la France depuis le 11 mai dernier, date du début du déconfinement progressif.
Il y a cependant une différence de taille entre nos deux pays. À Taiwan, pays de 23 millions d’habitants (soit un tiers environ de la population française), le nombre de nouveaux cas déclarés oscille depuis le début du mois d’août entre 1 et 2 seulement chaque jour (vous avez bien lu). En France, en revanche, l’épidémie est repartie à la hausse depuis le début du mois d’août et nous enregistrons ces temps-ci environ 15 000 nouveaux cas supplémentaires de COVID-19 déclarés chaque jour.
Comment expliquer une telle différence entre, d’une part, plusieurs pays qui, tel Taiwan, ont triomphé de la pandémie et, d’autre part, la France, qui semblait avoir le virus sous contrôle au printemps dernier, mais qui a vu la situation déraper à nouveau ces dernières semaines ? Laetitia et moi avons passé en revue les mesures prises par différents pays depuis le mois de mars et identifié différentes bonnes pratiques dont nous pourrions nous inspirer ici en France. Voici trois exemples.
Un contrôle strict des entrées sur le territoire
Nous avons tous lu les récits de personnes ayant voyagé depuis des pays où la prévalence du COVID-19 est élevée vers des pays où les procédures de contrôle à l’arrivée sont particulièrement strictes, comme Hong Kong, Taiwan ou Singapour. L’idée, dans ces pays, n’est pas de mettre certains pays sur liste noire et d’interdire complètement l’entrée à leurs ressortissants. En revanche, les mesures de précaution sont différenciées suivant la provenance, avec dans la plupart des cas un test obligatoire à l’arrivée, un confinement strict dans l’attente des résultats du test et, en cas d’incertitude, l’obligation de rester à demeure pendant la période d’incubation de 14 jours – le tout contrôlé grâce à la géolocalisation du smartphone.
Des tests pratiqués à grande échelle et partout
Laetitia et moi en parlions il y a quelques jours dans notre podcast “À deux voix” 🎧consacré aux files d’attente : la raison pour laquelle les Français ne sont pas assez testés, c’est que le prix à payer pour ce faire est beaucoup trop lourd. On parle d’heures d’attente dans un laboratoire d’analyse – et, désormais, d’une ordonnance de son médecin qu’il faut impérativement présenter pour pouvoir être testé – ce qui veut dire encore plus d’attente pour obtenir cette ordonnance au préalable ! (Sauf, bien sûr, pour ceux qui ont des médecins dans leur réseau de relations…)
Dans d’autres pays, à l’inverse, le recours massif et fréquent aux tests a été considéré comme la seule manière de détecter les cas de COVID-19 le plus tôt possible. Les campagnes de test les plus impressionnantes (sur le lieu de travail, dans les centres commerciaux, à l’entrée des immeubles) ont été conduites dans des pays en voie de développement, comme le Vietnam, où 800 personnes ont été testées en moyenne pour chaque nouveau cas déclaré. (Pour information, cela reviendrait à tester 12 millions de Français chaque jour ces temps-ci 😮)
Il faut dire que les pays comme le Vietnam ont une incitation à agir de la sorte : compte tenu du faible taux d’équipement médical, le recours aux tests est le seul moyen de prévenir un engorgement des rares hôpitaux en état d’accueillir des patients atteints du COVID-19.
Un recours avisé aux technologies numériques
On a beaucoup lu sur la façon dont différent pays ont déployé des applications pour aider la population à prendre plus de précautions. L’application déployée par les pouvoirs publics à Singapour, en particulier, a impressionné le monde entier : elle a permis d’isoler très tôt les personnes ayant été en contact avec une personne contaminée et de prévenir ainsi la multiplication de nouveaux cas – en tout cas, jusqu’à ce que le virus se dissémine à nouveau dans les dortoirs insalubres où sont hébergés des travailleurs immigrés peu considérés et restés en marge du système.
La France, comme souvent, a cherché à se distinguer et en a payé le prix. Elle a exclu d’emblée l’idée d’une application dont l’usage serait obligatoire pour toute la population. Elle a refusé d’utiliser les briques logicielles mises au point par Apple et Google, préférant confier à l’INRIA le développement d’une solution nationale ad hoc. Surtout, elle a pris le temps de délibérations interminables dans de multiples réunions de plusieurs dizaines de personnes à haut niveau, plutôt que de déployer en urgence une solution destiné à être améliorée par itérations successives.
Le résultat, c’est que la fameuse application StopCovid a été mise à disposition des Français sur le tard, à un moment où le sentiment d’urgence avait largement disparu. Son usage a été rendu facultatif, au point que même des membres du Gouvernement (et le Premier ministre lui-même) ont admis ne pas l’avoir installé sur leur smartphone. Et tout cela s’est fait dans des réunions à huis clos, probablement dominées par des guerres de chapelle – contrairement à Taiwan, où l’application utilisée pour contrer la pandémie a été conçue et déployée en partenariat avec des communautés de développeurs qui ont ainsi prêté main-forte aux pouvoirs publics, mais aussi garanti que la vie privée des citoyens serait protégée dans la mesure du possible.
Pourquoi pas chez nous ?
Nous en parlerons dans notre épisode “À deux voix” à venir demain (mardi 29 septembre). La France est victime non seulement de son incapacité à moduler sa réponse entre le “0” du confinement total et le “1” de l’abandon de toute précaution. Elle est aussi victime, comme beaucoup d’autres pays occidentaux, de biais cognitifs tels que le biais de l’autruche (nous préférons ignorer les mauvaises nouvelles) ou celui dit de “l’échiquier de Sissa” (nous sommes incapables de prendre la mesure de la progression exponentielle de la pandémie lorsque le nombre de nouveaux cas repart à la hausse). À cela s’ajoute le biais de normalité (nous avons tous l’impression que tout le monde a repris une vie normale, donc pourquoi pas nous ?) et le biais de confiance (nous sommes tous certains que nos proches prennent les précautions qui s’imposent).
Voici le résultat (comparez avec la courbe de Taiwan ci-dessus) :
Pour aller plus loin, abonnez-vous et écoutez notre conversation “À deux voix” demain , dans laquelle Laetitia détaillera tous ces biais qui nous empêchent de réussir aussi bien que Taiwan ou d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie, le Japon 🤗
À propos d’abonnement, Laetitia et moi voulons tester un nouveau format à l’attention de nos abonnés : lundi prochain, nous consacrerons une émission spéciale de notre podcast “À deux voix” à répondre à des questions posées par les uns et les autres. Si vous êtes de ceux-là, envoyez-moi simplement votre question en répondant à ce message. Si vous n’êtes pas encore abonné, sautez le pas en profitant de cette opération spéciale : 15% de réduction sur l’abonnement annuel à Nouveau Départ !
🇫🇷 Réflexions sur la pandémie en France
Mardi 29 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la situation sanitaire en France et les réflexions que cela nous inspire. Comme je l’écris ci-dessus, cette situation n’est pas brillante et présente un contraste incompréhensible avec la façon dont d’autres pays, en Asie mais aussi en Europe, ont réussi à contrer la dissémination du COVID-19 au sein de leur population. Comment expliquer tous les biais dont nous sommes victimes ? Avons-nous une chance de retourner la situation ?
⛵️ Entrepreneurs : sur quel navire embarquer ?
Mercredi 30 septembre | Interview 🎧 d’Erika Batista, general manager d’On Deck pour l’Europe. Erika est une amie de longue date et a longtemps été ma collègue, étant la première employée de l’histoire de ma société The Family (de 2013 à il y a quelques mois). Dans cet entretien, nous revenons sur son parcours, sa vision de différentes parties du monde et ses nouvelles fonctions au sein d’On Deck, où elle aide les entrepreneurs européens à préparer leur prochaine expédition.
📈 Pourquoi la bourse va bien quand tout va mal
Jeudi 1er octobre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur les marchés d’actions et leur décorrélation apparente d’avec l’économie réelle. On l’entend depuis plus de dix ans : le cours des actions en bourse semble ne jamais cesser de monter, quel que soit l’état de l’économie en général, du marché du travail en particulier. Comment expliquer cette déconnexion ? La transition numérique est-elle l’explication ? Ou bien d’autres raisons liées à l’évolution du fonctionnement des marchés financiers ?
Pour ne rien manquer de ces contenus, abonnez-vous si ce n’est déjà fait 👇
⚖️ La Cour suprême dans l’histoire
De nombreux Américains angoissent à l’idée qu’un successeur (conservateur) soit nommé avant le début du prochain mandat présidentiel. La Cour suprême pourrait aussi jouer un rôle déterminant dans cette année électorale. Avec Laetitia, nous rappelons les enjeux institutionnels et historiques qui permettent de mieux comprendre la politique américaine 🇺🇸
👉 Écoutez 🎧 La Cour suprême dans l’histoire—réservé aux abonnés.
🎥 Un documentaire sur le futur du travail
Quand il n’était encore qu’étudiant en école de commerce, Samuel Durand a choisi de faire un tour du monde du monde du futur du travail plutôt que de faire un stage à la Défense. Ça a donné “Going Freelance”. Depuis quelques mois, il travaille à la réalisation d’un documentaire et part à la rencontre de ceux qui inventent les nouveaux modèles du travail. Il interviewé Laetitia dans le cadre de son documentaire. Elle lui retourne ses questions dans cet entretien 😈
👉 Écoutez 🎧 Un documentaire sur le futur du travail—accessible à tous.
😤 Sommes-nous condamnés aux files d’attente ?
Alors que la France vient de battre un record en nombre de contaminations quotidiennes au COVID-19 (13 500 en 24 heures), on promet de réaliser plus de tests. Mais les laboratoires représentent un goulot d’étranglement, et les files d’attente s’allongent. Nous en profitons pour discuter des files d’attente en général, de transition numérique, de culture, de services publics et des files d’attente riches en “bonne” friction (oui, cela existe 😜).
👉 Écoutez 🎧 Sommes-nous condamnés aux files d’attente ?—réservé aux abonnés.
Partagez ce post