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Basecamp et la politique au travail
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Basecamp et la politique au travail

Nouveau Départ | À deux voix

Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à une discussion à propos du feuilleton qui s’est déroulé récemment au sein de l’entreprise Basecamp, du virage culturel qu’il signale et des conversations politiques sur le lieu de travail.

Basecamp, une petite entreprise américaine (basée à Chicago) éditant des logiciels, est à l’origine de l’un des premiers outils collaboratifs de gestion de projet (plusieurs années avant Slack, Trello ou Microsoft Teams). Mais elle est en fait plus connue pour les prises de parole de ses fondateurs, Jason Fried et David Heinemeier Hansson, que pour ses produits. Longtemps avant la pandémie de Covid-19, Fried et Heinemeier Hansson ont publié plusieurs ouvrages à succès sur le management d’équipes distribuées et le travail à distance.

Dès 2010, le best-seller Rework avait fait d’eux les gourous du travail flexible et du management nouvelle génération. On a associé leurs idées sur l’organisation du travail, l’équilibre vie privée / vie professionnelle, l’autonomie des travailleurs et la collaboration au sein d’équipes distribuées à une vision progressiste voire avant-gardiste de l’entreprise. D’ailleurs, la période de pandémie a provoqué un regain d’intérêt pour leurs ouvrages (dont Remote et It Doesn’t Have To Be Crazy At Work).

Mais fin avril 2021, Basecamp semble avoir fait marche arrière sur ces idées progressistes en imitant l’entreprise Coinbase dans sa décision de proscrire les discussions politiques sur le lieu de travail. Cela a provoqué des débats houleux dans le monde du numérique et au-delà. "C'est une distraction majeure. Cela sape notre énergie", a expliqué Jason Fried. Puis David Heinemeier Hansson a ajouté : "Basecamp devrait être un lieu où les employés peuvent venir travailler avec des collègues de tous horizons et de toutes convictions politiques sans avoir à faire face à de lourds débats politiques ou sociétaux sans lien avec ce travail." 

Basecamp a également mis fin aux avantages en nature dont ils avaient vanté les mérites dans leurs ouvrages, comme le remboursement d’abonnements au club de sport ou le financement de formations : "Ce n'est pas notre affaire ce que vous faites en dehors du travail, et ce n'est pas le rôle de Basecamp d'encourager certains comportements - quelle que soit la bonne intention. En finançant ces avantages, nous nous immisçons trop dans les choix personnels et individuels des gens", a écrit Jason Fried. Des primes du même montant que les avantages seront versées mais sans inciter les salariés à tel ou tel comportement. 

Basecamp insiste aussi sur son refus de voir se développer toute activité syndicale. "Nous créons des logiciels de gestion de projet, de communication d'équipe et de messagerie électronique. Nous ne sommes pas une entreprise à impact social. Point barre." Dans les jours qui ont suivi les déclarations des fondateurs, plus d’un tiers des effectifs de Basecamp (à savoir 19 personnes) ont annoncé leur démission suite à la décision d’interdire les discussions politiques sur le lieu de travail.

Dans ce podcast, Nicolas et moi évoquons l’histoire de Basecamp et de ses fondateurs, la genèse de leur annonce de mettre fin aux discussions politiques au travail, et l’onde de choc que la déclaration a provoquée. Nous faisons également une comparaison entre les contextes américain et français. Nous nous interrogeons sur ce qui relève du politique au travail et pourquoi il est difficile de cantonner les discussions des salariés au travail. Enfin, nous parlons de la culture d’entreprise et de l’avenir possible de Basecamp en tant qu’entreprise.

Podcasts Nouveau Départ :

3 articles que j’ai rédigés à propos des ouvrages de Fried et Heinemeier Hansson :


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(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)

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