Merci pour cet épisode qui fait doublement écho à des situations personnelles. Comme enfant d'une famille immigrée (à dessein on ne nous a pas appris l'espagnol, qui flottait pourtant partout dans la famille, dans les proverbes, dans les prières, dans les emportements) et comme père de quatre enfants élevés d'abord au Japon puis en Nouvelle-Zélande. Quand on me dit que c'est formidable pour eux, je réponds que ça ressemble plutôt à une figure d'interférences (deux langues = deux trous devant le front d'onde, et hop, derrière ça fabrique des motifs qui peuvent être ultra-brillants ou plus sombres) : pour certains des enfants et à certains moments, la composition des langues aura produit un redoublement bénéfique, tandis qu'à d'autres cela aura pu induire une sorte de conjonction "soustractive". Le bilan est bien sûr globalement positif, mais il masque quelques zones d'ombre. Dernière chose que j'ai pu mesurer : bénéficier d'une seconde langue permet parfois une forme de détachement de la pudeur associée à la langue maternelle, elle permet d'oraliser des choses qu'on ne se sent pas toujours à l'aise d'aborder avec ses enfants dans la langue maternelle (les textos sur des choses plus sentimentales sont par exemple presque systématiquement en anglais).
Merci Philippe pour ce témoignage ! Je reconnais notamment le fait de jongler entre plusieurs langues pour aborder différents registres. A très bientôt sur un sujet qui nous passionne et qu'on va continuer de couvrir 🙂
Merci pour cet épisode qui fait doublement écho à des situations personnelles. Comme enfant d'une famille immigrée (à dessein on ne nous a pas appris l'espagnol, qui flottait pourtant partout dans la famille, dans les proverbes, dans les prières, dans les emportements) et comme père de quatre enfants élevés d'abord au Japon puis en Nouvelle-Zélande. Quand on me dit que c'est formidable pour eux, je réponds que ça ressemble plutôt à une figure d'interférences (deux langues = deux trous devant le front d'onde, et hop, derrière ça fabrique des motifs qui peuvent être ultra-brillants ou plus sombres) : pour certains des enfants et à certains moments, la composition des langues aura produit un redoublement bénéfique, tandis qu'à d'autres cela aura pu induire une sorte de conjonction "soustractive". Le bilan est bien sûr globalement positif, mais il masque quelques zones d'ombre. Dernière chose que j'ai pu mesurer : bénéficier d'une seconde langue permet parfois une forme de détachement de la pudeur associée à la langue maternelle, elle permet d'oraliser des choses qu'on ne se sent pas toujours à l'aise d'aborder avec ses enfants dans la langue maternelle (les textos sur des choses plus sentimentales sont par exemple presque systématiquement en anglais).
Merci Philippe pour ce témoignage ! Je reconnais notamment le fait de jongler entre plusieurs langues pour aborder différents registres. A très bientôt sur un sujet qui nous passionne et qu'on va continuer de couvrir 🙂