✍️ Nouveau Départ, Nouveau Travail. Voici un nouvel article de ma série “Nouveau Départ, Nouveau Travail” où je partage, par écrit, des réflexions sur les mutations du travail, inspirées par l’actualité, des expériences vécues ou mes lectures du moment. Je me suis fixé le défi de vous proposer des articles courts et percutants 💡
Climat, géopolitique, impact de la politique américaine sur le monde … et charge mentale du quotidien, les sources d’anxiété au travail sont nombreuses. Cette dernière devient si omniprésente qu’elle influence la culture et le monde du travail. Depuis la pandémie, les consultants se sont entichés d’un nouvel acronyme pour qualifier notre économie : BANI (brittle, anxious, non-linear, incomprehensible), c’est-à-dire « fragile, anxieux, non-linéaire, incompréhensible », qui donne à l’anxiété une place déterminante.
Dans le monde du travail, le sentiment d’impuissance et l’incertitude semblent sans précédent. L’IA menace-t-elle mon emploi ? Mes compétences seront-elles obsolètes demain ? Mon travail contribue-t-il au réchauffement climatique ? La situation géopolitique va-t-elle engender de nouvelles crises économiques ? Aurai-je une retraite ? Et mes enfants pourront-ils vivre une vie normale ?
Au travail, l’anxiété a un coût élevé
Une part croissante des actifs cherchant de l’aide pour des problèmes de santé mentale le font en raison d’une anxiété excessive. Le baromètre du cabinet Empreinte Humaine réalisé en 2023 avec OpinionWay a montré que la détresse psychologique affecte désormais 48% des salariés ! Cette évolution est inquiétante : l’anxiété ne figurait pas parmi les principales préoccupations de santé il y a encore quelques années.
L’anxiété nuit à la concentration et à la productivité. Elle altère les relations de travail et le travail collaboratif. En effet, les personnes anxieuses sont souvent moins empathiques. Elles s’isolent et développent parfois un sentiment de paranoïa. La qualité de leur prise de décision se dégrade. Elles sont aussi plus susceptibles de s’absenter et de quitter leur emploi. En somme, l’anxiété nuit à la productivité, au bien-être et à la rétention.
Mais pourquoi l’anxiété a-t-elle autant augmenté ?
La première raison est l’épidémie de solitude qui touche le monde du travail. Travail hybride, télétravail, usages numériques et réunions optimisées offrent beaucoup plus de flexibilité aux travailleurs … mais ces nouvelles pratiques augmentent aussi la solitude. Il n'est pas si facile de développer des relations interpersonnelles épanouissantes derrière un écran. Nous avons de moins en moins d’amis au travail. Or les personnes qui se sentent seules sont deux fois plus susceptibles de devenir anxieuses !
Ensuite, nos smartphones nous inondent d’informations négatives (parfois fausses). Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent les contenus qui suscitent des réponses émotionnelles comme la colère. Bombardés de flux d’informations et de notifications anxiogènes, nous manquons de temps et d’espace pour nous reposer et prendre du recul avec esprit critique. Notre époque nourrit un gigantesque biais de négativité. Et puis, la trop grande quantité d’informations est en elle-même anxiogène. Cette boîte mail se remplit plus vite que je ne peux la vider !
Enfin, les crises d’aujourd’hui jouent un rôle important. Guerres, climat politique instable et fragmenté et crise du logement s’ajoutent à l’éco-anxiété provoquée par les menaces environnementales qui pèsent sur notre planète. Non seulement ces crises diverses font peser des menaces sur l’avenir du travail mais elles en questionnent profondément le sens. À quoi bon travailler ? Est-ce que ce que je fais n’aggrave pas les choses ? Ces questions sont un ingrédient de plus dans un cocktail déjà bien anxiogène.
Et puis on s’inquiète pour les autres : le poids de la charge mentale
À tout cela s’ajoute l’anxiété liée à la « charge mentale » et au fait d’assumer le bien-être (lui aussi de plus en plus incertain) de sa famille, de ses collègues et de ses voisins. Tout le monde a une charge mentale. Mais il faut reconnaître qu’elle est plus lourde pour les femmes.
Le poids, bien documenté, de la charge mentale expose les femmes à une anxiété accrue, qu’elles doivent souvent affronter seules, sans soutien structuré ou reconnaissance. Ce n’est donc pas un sujet neutre : la charge mentale induit un stress constant et contribue au sentiment de pression lié aux attentes sociales et professionnelles. Repenser le partage des tâches et valoriser ces responsabilités émotionnelles dans le monde du travail fait partie des réponses pour alléger cette charge et réduire l’anxiété des femmes et de tout le monde.
Que faire ?
Identifier les maux doit nous aider à trouver des remèdes :
Combattre la solitude sans présentéisme avec des programmes de mentorat et des rituels collectifs bien pensés ;
Réduire la surcharge informationnelle en limitant les mails et messages grâce à une réflexion de fond sur les usages numériques au travail ;
Lutter contre le biais de négativité en célébrant les réussites et en partageant les bonnes nouvelles
Réduire la charge mentale en travaillant à une répartition plus égalitaire des tâches et responsabilités.
Cette semaine, je participe à un événement sur la charge mentale avec Voxe. Venez, c’est le 14 novembre et ça promet d’être chouette !
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Qui nous sommes
Laetitia | Cofondatrice de la société Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022).
Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020).
Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude.
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