“Innover” : tout le monde a ce mot à la bouche—des chefs d’entreprise aux ministres, des consultants aux journalistes. En revanche, beaucoup de gens méconnaissent la bonne façon d’innover : non de façon massive, mais avec une approche incrémentale où chaque petit pas se conclut (espérons-le) par une “petite victoire”.
Voici, dans cette édition de Nouveau Départ, ma conversation avec Philippe Silberzahn, auteur du livre Petites victoires qui vient de paraître chez Diateino, dans laquelle nous explorons ce sujet sous tous les angles. Bonne écoute !
Pourquoi l’innovation est-elle si importante dans l’économie d’aujourd’hui ? La raison est simple : nous vivons un changement de paradigme, qui nous emmène de l’économie fordiste, dominée par la production de masse, à l’économie numérique, dominée par l’informatique et les réseaux. Dans cette économie en transition, l’innovation ne peut que prospérer, au point de devenir omniprésente.
Par exemple, d’innombrables entrepreneurs font irruption sur le marché avec des idées nouvelles : comment résoudre un problème resté jusqu’ici sans solution ; comment faire baisser le prix d’un produit jusqu’ici trop cher et le rendre ainsi accessible au plus grand nombre ; comment améliorer la rentabilité et la profitabilité d’une activité pour la faire grandir sur des bases plus solides. Tout cela, c’est de l’innovation.
Mais les entreprises en place, elles aussi, sont confrontées à l’impératif d’innovation. Elles ont si bien réussi dans l’ancien paradigme que leur organisation et leur fonctionnement sont inadaptés au nouveau. Pour avoir une chance de survivre à la transition, elles doivent donc repositionner leur activité, lancer de nouveaux produits, changer la nature de leur relation avec leurs clients. Là encore, de l’innovation.
Philippe Silberzahn, professeur à l’EM Lyon, s’intéresse depuis longtemps à l’innovation en général mais aussi et surtout à la pratique de l’innovation. Qui sont les innovateurs ? Et que font-ils au quotidien ? Telles sont les questions que nous abordons, parmi d’autres, dans cette conversation sur le nouveau livre de Philippe, Petites victoires : et si la transformation du monde commençait par vous ? (Diateino).
En particulier, nous évoquons le sujet central de son livre : le constat empirique que l’innovation avance toujours à petits pas. Les innovateurs doivent donc se concentrer sur les “petites victoires” du quotidien, qui permettent de progressivement installer un consensus autour d’une nouvelle manière de faire. Ce n’est qu’après avoir ainsi changé les esprits qu’on peut enfin basculer dans le nouveau paradigme.
Cette vision tranche avec une approche fantasmatique de l’innovation, qui continue malheureusement de dominer en France : l’idée selon laquelle l’innovation relève forcément de l’action massive et que seul un “grand plan” permet de forcer l’innovation sur un corps social forcément récalcitrant. Cette vision du “grand soir de l’innovation” est présente dans le secteur public comme dans le secteur privé.
Or, comme Philippe l’explique dans notre échange, c’est souvent l’inverse qui se passe : beaucoup d’individus au sein de l’organisation sont faciles à convaincre ; ce qui pose problème, en revanche, ce sont les dirigeants aux échelons intermédiaires comme au sommet. En dépit des beaux discours, ceux-ci ne finissent souvent par prendre l’innovation au sérieux que lorsque celle-ci fait déjà l’objet d’un consensus. D’où l’importance de se focaliser sur les petites victoires plutôt que sur le grand soir !
Le propos de Philippe va d’ailleurs bien au-delà des grands principes. Il fournit aux activistes de l’innovation une méthode pour remporter ces petites victoires et ainsi faire avancer la cause de l’innovation. Comme il l’écrit,
Depuis longtemps, un courant de recherche défend l’idée d’une approche incrémentale du changement, c’est-à-dire par petits pas. Une série de petites victoires est plus susceptible de résoudre les problèmes complexes, qu’il s’agisse de la transformation d’une entreprise ou de la lutte contre le réchauffement climatique. Malgré de nombreux succès, ce courant n’a jamais développé de méthode pratique, laissant les activistes démunis. Petites victoires ambitionne de combler ce manque.
Je vous souhaite une excellente écoute et vous engage à aller plus loin en achetant le livre de Philippe ! À bientôt et n’hésitez pas à nous envoyer remarques et suggestions.
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(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)
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