Futur du travail : 6 tendances en 2025

Nouveau Départ, Nouveau Travail | Laetitia Vitaud

✍️ Nouveau Départ, Nouveau Travail. Voici un nouvel article de ma série “Nouveau Départ, Nouveau Travail” où je partage, par écrit, des réflexions sur les mutations du travail, inspirées par l’actualité, des expériences vécues ou mes lectures du moment. Je me suis fixé le défi de vous proposer des articles courts et percutants 💡

Joyeux réveillon du 31 🥳 et bon dernier jour de cette année pas ouf ! 🤗

Alors que le monde du travail continue de se transformer sous l’effet de mutations technologiques, sociales, culturelles, environnementales et économiques, 2025 s’annonce comme une année charnière. Entre consolidation de l’innovation, défis démographiques et réglementations européennes, voici 6 grandes tendances qui pourraient marquer les mois à venir.

1. IA : maturité, consolidation et voie européenne

L’intelligence artificielle (IA) entre dans une nouvelle phase de maturité. Après des années de promesses parfois démesurées, les entreprises, y compris les PME et ETI, commencent à automatiser des tâches complexes, avec des usages de plus en plus ciblés. Les consultants en IA connaissent une forte demande, notamment dans un contexte économique incertain où les organisations cherchent à accroître leur productivité tout en réduisant leurs coûts. L’IA Act imposera un nouveau cadre clair : garantir la sécurité, l’éthique et le respect des droits fondamentaux. En classant les systèmes d’IA selon leur niveau de risque, cette régulation européenne incite les entreprises à se conformer à des standards exigeants. Les systèmes à risque élevé, comme ceux utilisés pour le recrutement ou l’évaluation des employés, devront être transparents et supervisés pour éviter toute discrimination. Du côté des RH, cette réglementation redéfinit la manière d’utiliser les outils d’IA au quotidien, en insistant sur le rôle des humains dans la supervision des systèmes.

👉 Écoutez aussi le podcast que j’ai enregistré avec Grégoire Colombet : Humain ou IA ? Qui décidera ? 🎧

2. Mais aussi IA fatigue et éclatement de la bulle de bullshit

Alors que l’IA gagne ici ou là en pertinence, une certaine IA fatigue se fait sentir ailleurs. Le battage médiatique des dernières années, combiné à des promesses non tenues et à des dérives inévitables (hallucinations d’IA, diffusion de fake news ou usage excessif de data centers très énergivores), commence à provoquer un backlash. En 2025, l’« IA fatigue » pousse les entreprises et les individus à questionner l’utilité réelle de certaines applications et à dénoncer le bullshit qui accompagne souvent les discours sur l’intelligence artificielle. La prise de conscience des limites techniques, éthiques et environnementales pourrait bien faire éclater une partie de la bulle autour de l’IA, ramenant les discussions vers des applications utiles et durables et des considérations réglementaires. En matière de « solutions » et de conseils sur IA, le contexte de crise économique pourrait pousser les entreprises à devenir plus exigeantes sur la qualité et moins dépensières.

👉 Lisez aussi ma newsletter en anglais sur le sujet : What if generative AI was actually underwhelming? Laetitia@Work #69

3. Les sexagénaires font parler d’eux au travail

Alors qu’on parle de plus en plus des quinquagénaires depuis quelques années, la réforme des retraites et l’évolution démographique mettent désormais en lumière les sexagénaires dans le monde du travail. Ils représentent une proportion croissante de la population active, mais leur place reste largement sous-estimée. De nouvelles formes de participation économique se développent rapidement, comme le cumul emploi-retraite ou la retraite progressive. Les sexagénaires créent des entreprises. Et les sexagénaires sont aussi très actifs dans des contributions non rémunérées : ils jouent le rôle d’aidants, s’investissent dans le bénévolat ou encore dans la garde de leurs petits-enfants. Ces activités, bien que souvent invisibles dans les statistiques, participent à la vitalité économique et sociale, redéfinissant la frontière entre activité et inactivité. Le taux d’activité des sexagénaires va augmenter de manière notable en 2025.

👉 Lisez aussi cet article Nouveau Départ, Nouveau Travail : Les nouvelles frontières de la retraite.

4. Les entreprises commencent à mieux soutenir les aidants

L’allongement des carrières et la montée des problématiques de santé (augmentation des cancers parmi les actifs, multiplication des arrêts maladie) obligent les entreprises à repenser leur soutien aux salariés aidants. Ces derniers, qui jonglent entre leur emploi et le soin apporté à un proche, sont de plus en plus nombreux. En 2025, ce sujet devient central, avec des initiatives en croissance pour mieux accompagner ces travailleurs, comme des congés spécifiques, un aménagement des horaires ou des solutions d’assistance psychologique et sociale. En reconnaissant mieux le rôle des aidants, les entreprises espèrent limiter l’absentéisme et maintenir la productivité tout en répondant à des attentes sociales croissantes.

👉 Lisez aussi cet article Welcome to the Jungle : Arrêtons de considérer les salariés aidants comme des faiblesses !

5. Transparence des salaires : plus qu’un an avant la directive européenne !

La directive européenne sur la transparence des salaires, prévue pour 2026, commence déjà à transformer les pratiques des entreprises. Cette mesure impose la publication des échelles salariales, l’interdiction des clauses de confidentialité sur les rémunérations et des obligations renforcées pour prévenir les écarts salariaux. En entretien, on ne pourra plus demander à un candidat son salaire précédent. Ces nouvelles règles forcent les organisations à revoir leurs politiques de recrutement, d’évaluation et de rémunération pour s’assurer qu’elles sont alignées avec les exigences de transparence et d’équité. Les services RH devront anticiper ces changements en adoptant dès maintenant des nouvelles pratiques (comme une fourchette précise de rémunération sur les offres d’emplois).

👉 Plus sur le sujet en 2025 ! Promis.

6. Marché de l’emploi : entre précarité, polarisation et incertitude

Le marché de l’emploi en 2025 se caractérise par une polarisation croissante. D’un côté, les professions essentielles, comme les infirmiers ou les enseignants, peinent toujours à recruter. Ces métiers, marqués par une forte pénibilité, des rémunérations insuffisantes et l’impossibilité de se loger avec le salaire proposé (si on n’est pas déjà logé), sont de moins en moins attractifs, ce qui entraîne une précarisation accrue pour ceux qui restent en poste (plus de vacataires). De l’autre, le marché des cadres et des cols blancs connaît un ralentissement, notamment dans les secteurs industriels touchés par la crise économique et énergétique (automobile, sous-traitance). Les incertitudes géopolitiques et climatiques renforcent cette instabilité : quelle fin pour la guerre en Ukraine ? À quelle sauce Trump mangera-t-il l’Europe ? Et quelles catastrophes naturelles en 2025 ? Alors que les « good jobs » se raréfient, les entreprises comme les travailleurs doivent faire face à un environnement professionnel de plus en plus fragmenté et imprévisible.

👉 Lisez aussi cet article Nouveau Départ, Nouveau Travail : Victoire de Trump : 7 conséquences sur le travail.

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• Laetitia | Cofondatrice de la société Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022).

• Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020).

Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude.

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