Et si la fracture la plus pertinente dans notre société n’était pas entre les 1% les plus riches et les 99% restant, mais plutôt entre les 20% les plus diplômés et les autres ? C’est le sujet du livre de Jean-Laurent Cassely et Monique Dagnaud paru cette année : Génération surdiplômée. Les 20% qui transforment la France (Odile Jacob).
Voici, dans cette édition, mon interview de Jean-Laurent Cassely. Le podcast est un peu plus long que d’habitude… car nous n’avons pas pu nous arrêter !
Les 20% de Français qui sortent du système scolaire avec un master ou un diplôme de “grande école” ne sont pas tous riches et puissants, mais ils n’en ont pas moins une influence considérable sur la société. C’est de ce constat que part l’enquête du journaliste Jean-Laurent Cassely et de la sociologue Monique Dagnaud.
De multiples recherches sur les surdiplômés des pays occidentaux se réfèrent au chiffre des 20%. Cette compétition a valeur quasiment existentielle, et au-delà de ses rétributions concrètes en statuts et revenus, elle figure dans l’imaginaire et les représentations. Les films et les médias d’images, dans l’ensemble, puisent chez les 20% l’essentiel de leurs inspirations : un monde où s’impose l’aisance culturelle, le voile de légèreté que procure le sentiment de pouvoir choisir sa vie, l’autorité du savoir et le plaisir du langage chatoyant où les mots s’enchaînent et ne se cherchent jamais, la maîtrise du corps et les codes vestimentaires.
Chroniqueur à Slate et L’Express, Jean-Laurent porte depuis longtemps déjà un regard tout ‘sociologique’ sur ces diplômés, leurs habitudes de consommation et leur mode de vie urbain. Il y a quelques années, il s’était penché sur ces “premiers de la classe” qui se rebellent en fuyant les tours de la Défense pour trouver du sens au travail dans des nouvelles formes d’artisanat.
Les auteurs ont mené de nombreux entretiens auprès de jeunes actifs diplômés. Ils en ont dressé un portrait, autour d’une matrice qui les classe en ‘sous-élite’ et ‘alter-élite’. Jean-Laurent explique comment et pourquoi ils ont élaboré cette matrice et tout ce qui distingue ces jeunes diplômés de la génération précédente.
À l’âge du Brexit et de la présidence de Donald Trump, de nombreux auteurs britanniques et américains se sont penchés sur ce sujet de la fracture du diplôme. Les auteurs puisent abondamment dans ce corpus anglo-saxon. Parmi les auteurs mentionnés, il y a David Goodhart qui distingue deux catégories de population en fonction de leur rapport à la mobilité :
les people of anywhere — “ceux qui sont de partout” dans la traduction française — qui sont plus à l’aise dans la galaxie mondialisée, qui peuvent “faire leur nid” à peu près n’importe où grâce à leur expertise liée à l’économie moderne, garantie par leur diplôme, et sont dotés d’une “identité portative” ; et les people from somewhere : “ceux qui sont de quelque part” et qui, faute des atours culturels suffisants, ont les semelles attachées à un territoire, et qui dont se caractérisent par une “identité fixe” s’arc-boutant sur la défense un style de vie “local” et se sentant en danger face à l’immigration.
J’ai interrogé Jean-Laurent sur son travail, la mobilité sociale et géographique en France, la différence entre l’élite d’hier et les ‘sous-élite’ et ‘alter-élite’ d’aujourd’hui, l’approche sociologique qui est la leur, la notion de méritocratie, le style de vie des diplômés, et aussi les lecteurs de ses livres. Écoutez l’interview : il y a beaucoup d’autres choses encore !
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(Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.)
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